Zohar : le meneur d'âne
Basé sur l’article du livre du Zohar : Deta’in Hamrey, Zohar, §64.
L’histoire de Rabbi Elazar qui alla voir Rabbi Yossi, et Rabbi Aba alla avec lui. Et un homme conduisait les ânes. Rabbi Aba dit : « Ouvrons les portes de la Torah, car maintenant est l’heure et le temps de nous corriger en chemin »
Tous les livres de kabbale, et à leur tête le livre du Zohar, décrivent une série de situations intérieures vécues par les kabbalistes au cours de leur chemin spirituel. Dans l’histoire ci-dessous, il est question de deux des dix grands élèves de Rabbi Shimon Bar Yochai. Elle ne raconte pas une excursion en Galilée – mais quand il est dit que deux kabbalistes « allaient rendre visite à Rabbi Yossi », il s’agit de leur désir de gravir les marches de l’échelle spirituelle et de s’élever à un degré supérieur. Ils ne peuvent s’élever à ce degré qu‘avec l’aide de la force d’en haut qui les attire,et à cette fin, ils doivent se corriger à un degré plus élevé. Tel le sens de l’expression « ouvrons les portes de la Torah ».
Deta’in Hamrey signifie en araméen ânier, ta’in qui veut dire donner un coup de couteau, et c’est la dénomination du meneur d’âne, qui pique les ânes pour les faire avancer plus vite, et hamrey, âne, vient du mot homer, matériau.
D’après la sagesse de la kabbale, notre matériau s’appelle le désir de recevoir (ratson lekabel). Sur les marches de l’échelle spirituelle, il appartient à l‘homme d’apprendre à travailler avec son matériau, afin de se développer spirituellement.
La nature égoïste de l’homme est opposée à la nature spirituelle, et pour le forcer à avancer vers le prochain degré, il est nécessaire de le piquer. Les souffrances que l’homme vit ont un seul but : l’orienter pour attirer la lumière de la Torah, qui le corrige. L’homme atteint cette lumière, l’unique moyen de changer sa nature égoïste, grâce à l’étude. Après avoir changé sa nature égoïste, il découvre les « secrets de la Torah », c'est-à-dire une réalité parfaite.
Ce n’est qu’après que lui furent révélés les secrets de la Torah, qu’il connaît « l’âne » qui est en lui, comment changer et dans quelle direction s’élever.
Quand ils commencèrent à découvrir les secrets de la Torah, le meneur d’ânes, qui menait derrière eux, commença à leur poser des questions profondes, auxquelles ils ne purent répondre. Les questions laissèrent Rabbi Eléazar et Rabbi Aba sans réponse..
Le meneur d’ânes semble être apparemment un homme simple, il marche à leurs cotés, tandis qu’ils sont « montés sur un âne ». La signification de l’élévation spirituelle d’un vers le suivant est la correction de la partie égoïste supplémentaire des désirs de l’homme. Le meneur d’ânes pose à Rabbi Eléazar et Rabbi Aba des questions relatives aux lois qui leur seront révélées au prochain degré spirituel. Ils ne peuvent pas répondre à ces questions, car ils n’ont pas encore atteint ce degré spirituel. Les questions du meneur d’ânes leur révèlent qu’ils ne sont pas capables d’accéder au degré supérieur par leurs propres forces. C’est l’ânier qui les conduits vers le degré suivant, c’est la raison pour laquelle il s’appelle le meneur d’âne –c’est lui qui mène leur « âne », leur désir égoïste non réparé. Les deux kabbalistes découvrent la grandeur de ce « simple meneur d’âne » qu’ils avaient au début méprisé, l’ânier prend la « tête du convoi » et les fait avancer.
Le Zohar explique que « Deta’in Hamrey » est l’âme qui fut envoyée d’en haut pour aider les âmes à s’élever de degré en degré sur l’échelle spirituelle. Sans cette aide, les deux kabbalistes n’auraient pas pu s’élever à un degré spirituel supérieur.
Ainsi, tout homme désirant déjà s’élever spirituellement, une « âme d’un plus haut degré » lui est envoyée qui l’aide et le guide sur les marches de l’échelle spirituelle.